Les médias écrits : du papier journal au Web 2.0
Il fut un temps où ils ne traînaient pas partout dans les wagons de métro, sur les bancs d’autobus, sur les tables des cafés et des casse-croûtes. Où ils n’étaient pas distribués dans les magasins de pièces d’auto, où vous ne receviez pas un abonnement gratuit avec l’adhésion à un club vidéo. Où , bref, les journaux étaient des objets sociopolitiques rares et précieux.
Il fut aussi un temps où un journal était un objet. De grandes feuilles de papier de basse qualité couvertes d’une encre de basse qualité, salissante, sans couleur. D’où le terme un peu obsolète de presse et le glissement vers celui, plus idoine, de médias écrits.
Aujourd’hui polymorphe et omniprésente, qu’est devenue cette presse ? Autrefois, la rareté des publications et la relative précarité de la profession impliquaient la densité et la qualité de l’information diffusée et de sa production. Qu’en est-il aujourd’hui ? Tout est-il devenu matière à information ? Cette même rareté confinait à l’indépendance, qui elle-même garantissait en quelque sorte l’objectivité, qui à son tour impliquait la crédibilité de la presse à titre de contre-pouvoir et organe essentiel d’une démocratie fondée sur la libre expression et la libre détermination de l’opinion. Aujourd’hui ? Dans un contexte où les communications – vaste domaine qui englobe désormais la presse en particulier et l’information en général – représentent désormais un des plus lucratifs secteurs de l’économie mondiale et mondialisée, ce rôle de « chien de garde » de la presse est, sinon anéanti, du moins sérieusement menacé, voire compromis.
Est-ce à dire que tout est désormais pourri au royaume des médias ? Que les seules attitudes possibles envers ceux-ci seraient le scepticisme, la paranoïa ou l’isolement ? Bien sûr que non ! D’une part, ce serait un vain combat que d’essayer de rompre tout contact avec les médias, tant est pressante et grande leur présence. D’autre part, ce serait de « jeter le bébé avec l’eau du bain », pour reprendre l’adage populaire. Car si l’ « économie triomphante » (Jacquard) exerce une pression énorme sur la presse et les médias, ici aussi semble se vérifier la fameuse loi de la physique newtonienne, à savoir qu’ « à chaque action correspond une réaction de force égale et opposée ».
En effet, si l’envahissement des nouvelles technologies par les médias leur ont permis de pénétrer l’espace virtuel – partie intégrante de la personnalité de l’individu contemporain – autant que l’espace physique traditionnel, ces nouvelles technologies ont aussi fait éclater les paradigmes de la constitution de la diffusion de l’information. Ce sera l’un des objectifs de ce cours que de familiariser l’étudiant avec les modalités du Web 2.0, ce nouvel espace d’interactivité et de collaboration, et d’induire chez lui la réflexion sur ses implications et ses possibilités.
Enfin, si la presse et les médias voient compromis leur rôle traditionnel d’interlocuteur objectif et de gardiens d’un espace public libre et influent, ce rôle – comme ceux de défenseur de l’environnement ou de la culture – doit peut-être désormais échoir lui-aussi au pilier de la société civile occidentale contemporaine : l’individu. D’où la nécessité de développer chez celui-ci – vous et moi, en l’occurrence – une attitude critique envers les médias. Or, pour être critique, il faut être outillé et posséder un appareil conceptuel apte à bien saisir les enjeux des médias et à se prémunir contre leurs effets potentiellement pervers. C’est là l’objectif de ce cours.
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